Malo Kerebel

Étudiant en physique

Peut-on justifier moralement les chambres à gaz ?

Je voudrais commencer ce billet de blog en racontant l'histoire fictive, mais ressemblant à la réalité de Rudy.

Au début de sa vie, Rudy, nait dans un logement insalubre et étroit, sa mère ayant peu de place pour se déplacer. Après quelque temps à vivre avec ses frères et sœurs, il va être déplacé de force, sans comprendre ce qu'il lui arrive, et être placé avec d'autres individus de son âge qui lui sont pourtant inconnus. Il va vivre plusieurs années, en pleine croissance, ce logement va être de plus en plus étroit. Une certaine hostilité va se développer entre eux, mais durant leur puberté, Rudy et ses camarades vont être déplacé. Transporté de son logement insalubre, Rudy va arriver dans un lieu qu'il n'a jamais vu, il va se trouver sale, dans une salle blanche, entouré de ses camarades, effrayé, car sachant que cela n'augure rien de bon. Puis les portes se ferment, Rudy et ses camarades sont enfermé dans cette pièce, puis sans qu'il ne le comprenne, un gaz va se propager dans leur pièce. Petit à petit, les yeux et autres muqueuses de Rudy, et ceux qui l'accompagnent, vont se mettre à piquer, le gaz est en train de les acidifier. Une cacophonie de cri va se faire entendre, mais bientôt, ils se taisent, tous sont morts et vont être déplacé pour laisser la place à ceux qui doivent les suivre.

Maintenant, y a-t-il une école morale qui puisse justifier un tel acte, on pense tout d'abord au déontologisme, il se pourrait, en effet, qu'une école qui se définit du déontologisme puisse justifier de tels actes. Et c'est aussi le cas du conséquentialisme, on pourrait imaginer une doctrine conséquentialiste où on conjecture que les conséquences de tels actes puissent être suffisantes pour l'autoriser. Finalement, on peut aussi se considérer nihiliste ou se revendiquer d'un relativisme moral, mais il me semble que plutôt de justifier ces actes, ils servent plutôt à contredire la possibilité, ou tout du moins, l'acceptabilité, de suivre ces types de morale.

Si Rudy avait vécu une vie paisible, cela aurait-il excusé sa mort ? Cela aurait-il rendu ce meurtre plus excusable ? Si Rudy avait été anesthésié avant de mourir, cela aurait-il rendu ce meurtre plus excusable ? Même si cela réduit les souffrances causées à Rudy, cela rend-il acceptable de le tuer ?

Et, comme énoncé à la fin de cette histoire, Rudy n'est pas le seul à suivre ce sort, ce sont des millions de Rudy qui ont vécu cette tragédie. Celle de vivre une mort considérée comme étant la plus humaine possible, mais étant réellement juste là pour pouvoir tuer le plus vite possible. Les chambres à gaz, Rudy, comme des millions d'autres, est mort dans une chambre à gaz de dioxyde de carbone.

Non, je ne me suis pas trompé, je parle ici des chambres à gaz qui existent de nos jours, qui sont toujours en opération, notamment en France (et surtout en Bretagne). Notre Rudy a très bien pu être tué cette année, car c'est un cochon et que 23.3 millions de Rudy sont tués chaque année, en France uniquement [1].

Maintenant, cette révélation que Rudy est un cochon devrait-elle changer l'instinct moral qui a dû vous venir en lisant cette histoire la première fois ? Si oui, comment l'expliquer ? Pourquoi le fait de connaitre l'espèce de la victime change votre perception des souffrances ? Surtout lorsqu'il s'agit d'une espèce plus intelligente que des enfants humains ou bon nombres d'animaux, y compris de compagnie, ce changement d'opinion aurait-il été différent si la révélation avait été que Rudy est un chat ou un chien ?